1. Entretien avec Pierre Demers
Patrice Vermette a travaillé, entre autres, sur Prisonners de Denis Villeneuve, 1981 et 1987 de Ricardo Trogi, The Young Victoria et C.R.A.Z.Y. de Jean-Marc Vallée.
Quelle a été votre formation?
J’ai fait mes études en communications avec une spécialisation en son à l’Université Concordia à Montréal de 1989 à 1991. À l’époque, mon rêve était de m’envoler pour Manchester pour pouvoir travailler à la réalisation d’albums de groupes rock. Mes idoles de ce temps-là : George Martin, Daniel Lanois, Brian Eno et Phil Spector. J’ai fait plusieurs trames sonores de films étudiants à l’époque de Concordia.
Je suis tombé dans la direction artistique un peu par hasard à travers les vidéoclips. Je suis donc autodidacte dans ce métier. Créer des ambiances sonores et des enveloppes visuelles, finalement c’est assez similaire. Il faut appuyer le scénario. Proposer des choses au réalisateur sans jamais être à l’avant-plan. Il faut savoir se faire oublier afin de rendre service au film. Se faire oublier ne veut pas dire pour autant être anodin. Il faut rester pertinent. Un peu comme une ligne de bases ou de batterie.
J’ai donc fait mes classes avec les vidéoclips et les publicités. Les clips t’enseignent à te laisser aller sur le plan créatif, ils poussent à la débrouillardise et t’inculquent l’art de gérer des budgets minimalistes, tout en tournant en peu de temps. La pub te fait développer la précision, la présentation, la politique, la psychologie, le sens de l’organisation. Tu y apprends à ne jamais paniquer quand quelqu’un change d’idée à la dernière minute.
Aussi tu pratiques la rigueur, la gestion d’une équipe et de personnalités fortes. La pub m’a aussi aidé à découvrir ma capacité à m’adapter à différentes situations dans divers pays avec des équipes multiethniques. Le « think fast… Failure is not an option ». Aujourd’hui, je continue mon apprentissage en essayant de me concentrer sur le long format.
Pour le néophyte, vous décrivez comment votre présence sur le plateau de tournage?
Mon travail commence bien avant le plateau de tournage. Parfois même à l’écriture du scénario dans quelques cas. Tout dépend du lien entretenu avec le réalisateur ou le producteur. Présentement, je travaille au développement d’une comédie musicale. À la demande du producteur, je crée des « mood boards », je dessine les décors et je fais l’évaluation budgétaire pour qu’il ait une bonne idée du budget total, pour lui permettre après d’aller chercher le bon financement.
En général, je commence à travailler dès la lecture du scénario. Pour moi, c’est comme lorsque je lis un livre. Tout de suite, j’ai des images qui me viennent en tête. Je me mets à collectionner compulsivement des images. Que ce soit sur Internet, dans des livres, des films, à travers mes propres dessins, des croquis rapides. Je passe aussi quelques jours à faire des photos dans des lieux près de Montréal. C’est là que je trouve mon inspiration. Je crée avec ces photos, dessins, croquis, images en tout genre, un dossier de références qui ressemble à un scrapbook. Je l’appelle mes « mood boards ».
J’en tire des posters et je les installe partout dans le bureau de production, afin de mettre tout le monde dans le bain et ça sert de base pour que chacun puisse y référer en cours de préparation ou de production. En préproduction, je fais la conception de décors, de la construction à la décoration, sans oublier les accessoires. Je supervise la recherche des lieux de tournage, les effets spéciaux. Je m’assure aussi que les départements (costumes, maquillage, coiffure) soient bien alignés avec les « mood boards ». Pour que nous fassions tous le même film.
Lors des journées de tournage en long métrage, chaque matin je présente le décor de la journée au réalisateur et au directeur photo. Je donne mes consignes à mon équipe de plateau et je quitte ensuite pour aller préparer les décors des jours suivants. Quand c’est possible, j’adore passer la journée sur le plateau de tournage et travailler à la composition de chaque plan de caméra. On bouge un peu les meubles et autres objets pour créer de plus belles images. Ces journées m’enchantent. C’est ma base. Je retourne à la source de mon travail.
Avez-vous des modèles québécois ou internationaux qui inspirent votre métier?
Il y a plusieurs concepteurs visuels qui m’inspirent. En premier lieu, Pierre Guffroy (Cocteau, Truffaut, Bresson, Bunuel, Polanski, Kauffman, Forman, Clément, Godard…) un français qui a travaillé avec les plus grands réalisateurs. J’ai eu la chance de collaborer avec lui sur un projet de pub européenne complètement dingue. Nous en sommes tous les deux ressortis indemnes et avec une belle amitié en prime.
Le plus impressionnant chez Pierre, c’est sa discipline, son approche de guerrier. Il a été mon Yoda. Pour lui, ce qui mérite d’être fait mérite d’être bien fait. J’admire aussi le travail de Dean Tavoularis, Jack Fisk, Ken Adam, Rick Carter. Et au Québec, Michel Proulx, François Séguin, Anne Pritchard et Claude Paré, qui sont tous des immenses talents de calibre international.
Avez-vous déjà travaillé sur des courts?
Dans les années 90, j’ai travaillé sur plusieurs courts. C’est d’ailleurs en 1995 sur Les mots magiques que j’ai eu la chance de rencontrer Jean-Marc Vallée, d’où débute notre collaboration. Les courts métrages sont une rampe de lancement exceptionnelle pour les réalisateurs. Et cette vitrine de talents est bien représentée par les nouveaux visages d’ici avec tous les prix qu’ils récoltent chaque année à travers le monde. C’est assez impressionnant de les voir surgir de partout.
Pour voir la page de Patrice Vermette sur IMDb.
2. Classe de maître avec Manon Dumais
Parmi les longs métrages marquants des dix dernières années, certains collent à notre mémoire pour leur environnement, leur esthétique. Imperceptibles à l’oeil nu, les ficelles du décor d’un film sont si bien dissimulées qu’on en saisit rarement la richesse.
Chef d’orchestre des accessoires, des costumes, des ambiances, le directeur artistique doit s’inspirer des lieux de tournage pour recréer un environnement complètement fictif, et de l’histoire pour donner une couleur aux personnages inventés. Il compose avec les époques, les personnalités, les saisons, bref il part de rien et refait tout, en s’assurant que le spectateur ne s’aperçoive de rien. Que du beau, du vrai. Mais jusqu’où se creuser les méninges? Jusqu’à quels petits détails s’attarder? C’est le moment de rencontrer l’un des plus prestigieux artistes du domaine, Patrice Vermette. Classe de maître animée par Manon Dumais.
CLASSE DE MAÎTRE: rencontre avec Patrice Vermette from Festival REGARD sur le court on Vimeo.
3. Entrevue avec François Lévesque
Dans le cadre du Festival un autre journaliste qui connait bien le Festival a eu le plaisir de s'entretenir avec Patrice Vermette. Chroniqueur cinéma au journal Le Devoir, François Lévesque nous propose une entrevue intitulée. Quand le diable est dans les détails (visuels), selon le directeur artistique Patrice Vermette.
Quelques images de la Classe de maître
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