Festival international du
court métrage au saguenay

Le court métrage n’a jamais été si courtisé de son vivant. Depuis qu’on peut le retrouver en ligne sur la toile dans un fourre-tout digne de YouTube, il a repris son droit de cité. Les
festivals internationaux de grande réputation (Cannes, Venise, Berlin, Chicago, Locarno, Toronto) lui ont refait une image qu’il avait perdue depuis des années. Ils lui consacrent des rétrospectives avec des courts des cinéastes fondateurs (Keaton, Welles, Godard, Bunuel, Truffaut, Ozu, Marker, Vigo, Jutra, Tati) qu’on avait oubliés dans les voûtes des cinémathèques. Les sections de leur programmation réservées aux courts se multiplient. On commande des courts à des cinéastes invités sur les thématiques de l’heure pour animer davantage ces fêtes consacrées au cinéma courant, qu’on nomme encore des festivals. Ce format devient la source de tous les possibles, de tous les enjeux. Il semble avoir été mobilisé pour lutter contre « la mort du cinéma » annoncée depuis toujours.

 


Le court a le vent dans les voiles avec les centaines d’appels de films répartis sur tout le globe. Malgré l’omniprésence de la toile et de son pouvoir de séduction, les cinéastes veulent toujours montrer leurs courts sur grand écran, devant public. La consécration passe encore par là.

 

Les festivals de courts se comptent maintenant par milliers. Cinquante festivals de courts en France seulement, une trentaine en Allemagne, six en Roumanie, une dizaine aux États-Unis, deux en Chine dont celui de Shenzhen en mai… pour les intéressés.

 

Ici au Québec les festivals de longs ont aussi pris le virage du court. Le Festival du nouveau cinéma a affiché une vingtaine de programmes de courts en 2013. Le prochain Rendez-vous du cinéma québécois propose 28 programmes de courts lors de son édition 2014. La Cinémathèque québécoise offre maintenant des soirées régulières réservées aux courts québécois et internationaux comme elle l’a toujours fait avec le cinéma d’animation, McLaren, Alexieff et Back obligent. Le constat est facile à faire : ici, comme partout dans le monde les courts pullulent. Les jeunes cinéastes comme les plus aguerris n’ont plus honte d’emprunter cette voie pour s’exprimer, pousser plus loin leurs fantasmes. Le recours au numérique rend également plus accessible la réalisation. D’autres facteurs jouent. Les télévisions traditionnelles à court d’imagination ont besoin d’enrichir leur banque d’images pour répondre à la saveur du jour, la télé sur demande. Tou.tv fait des petits. Les courts qui se démarquent y trouveront peut-être un créneau d’avenir. L’ONF a montré la voie avec un site de diffusion, une réserve de courts à nulle autre pareil. Rendons à Grierson ce qui revient à Grierson. « Tout film reste avant tout le traitement créatif de la réalité » écrivait-il. Ça vaut pour le court, le long, la fiction et le documentaire qu’il privilégiait.