Festival international du
court métrage au saguenay

Comme le temps passe vite ! Notre cher Marché du court soufflera cette année ses 20 chandelles. En effet, pour une 20e fois, nous aurons la chance d’accueillir des pros de partout dans le monde afin d’échanger sur l’industrie cinématographique. Classes de maîtres, formations, maillage et réseautage seront au menu pour nos quelques 400 participant.e.s. Un Marché unique en Amérique du Nord, qui met le focus 100 % sur le court métrage ! 


Mais pas si vite ! Avant d’enfiler vos tenues de soirée et de revêtir vos plus beaux accessoires de fête, prenons un moment pour faire un petit retour en arrière. Laissez-nous vous raconter l’histoire du Marché à travers ses activités, ses rencontres et le témoignage de ceux et celles qui lui ont permis de devenir ce qu’il est aujourd’hui.


La Genèse


Au retour d’une première participation au Festival du court métrage de Clermont-Ferrand, Éric Bachand, cofondateur du Festival REGARD, revient inspiré de ce qu’il a vécu au Marché du court : « C’était comme un tsunami, il y avait tellement de choses à faire, de gens à rencontrer. J’ai compris que les films étaient pour le public, mais le Marché, lui, était pour l’industrie. » 


À cette époque, au Québec, il n’existait pas ou très peu d’activités professionnelles pour les cinéastes du court. « Il y a toujours eu certaines activités pour les pros pendant le Festival, mais puisque les cinéastes voyaient déjà des films à Montréal, nous devions trouver une bonne raison de leur faire traverser le Parc ! » raconte le cofondateur.

 


L’équipe commence à développer son propre Marché : un des premiers spécialisés sur le court au Québec. « On voulait mettre en valeur les jeunes cinéastes, aider à les professionnaliser et de même contribuer au développement du court. » L’équipe commence donc l’organisation d’activités thématiques, de panels, d’une vidéothèque et de rencontres de réseautage. 


Pour pouvoir développer un projet comme le Marché, il fallut trouver du financement : « On avait souvent des idées de grandeur, mais il est important de souligner le travail de Julie Dufresne, directrice générale à l’époque. C’est elle qui a trouvé les subventions nécessaires pour développer le Marché. », insiste-t-il.


Parmi les premières activités développées, une vidéothèque est créée. Il faut se remettre en contexte, à l’époque, l’équipe du Festival recevait encore des VHS et des DVD. Il était donc très difficile pour les programmateur.trice.s, acheteur.trice.s et distributeur.trice.s d’avoir accès aux courts métrages des jeunes cinéastes émergents. La vidéothèque rendait ainsi tous les courts métrages que nous avions reçus, sélectionnés ou non, disponibles au visionnement. 


Éric parle avec fierté de ce qu’est devenue cette inspiration : « Je suis fier de constater que le Marché a contribué au développement du cinéma régional. Quand je vois des participant.e.s qui étaient venus en début de carrière revenir à titre d'invité.e.s, ça me touche. J’ai l’impression que c’est important pour elles et eux de redonner; de transmettre leur savoir. »

 

 

L'Ébauche


En 2006, Claudia Chabot, présentement directrice de La bande Sonimage, devient la première responsable officielle de notre Marché du court. Selon elle, tout était encore à faire : « Nous avions la vision de développer un des premiers Marchés du court métrage au Québec. Un Marché pour le court à cette époque, c’était très novateur ! »


Les participant.e.s internationaux n’avaient pas l’habitude de se déplacer jusqu’au Saguenay pour assister au Festival. Le Marché devait donc trouver un moyen d’amener les pros à venir et à revenir d’année en année. Pour ce faire, leur stratégie fut de faire vivre une expérience unique aux pros de l’international présent.e.s : « Nous organisions beaucoup d’activités informelles : chiens de traîneau, pêche blanche, glissade, etc. »


Bien que le Marché était encore petit, certain.e.s invité.e.s de marque ont tout de suite cru en lui : « Roger Frappier nous avait fait l’honneur de sa présence. Si je me souviens bien, c’était l’année où Dédé, à travers les brumes était sorti ! » affirme Claudia.


Elle fait aussi mention d’invité.e.s tels que Pascale Faure (Canal +) et Roberto Barrueco (Festival Mecal) qui, une dizaine d’années plus tard, se souvenaient encore de leur mémorable séjour au Saguenay.


Un sentiment de fierté l’habite lorsqu’elle voit le Marché aujourd’hui : « Ça me touche le cœur de voir à quel point ça s’est bien développé ! De voir que le Marché du court de REGARD est devenu un incontournable pour les rencontres entre les cinéastes et les programmateur.trice.s de partout. »

La Croissance


Julie Pelletier prend la relève à titre de responsable lors de la 6e édition du Marché. Elle y cheminera pendant trois éditions, sous l’impulsion de son directeur général Ian Gailer (2007-2015).


Ce sont des éditions fourmillantes de rencontres et d’opportunités. On passe d’un rendez-vous avec les programmateur.trice.s et distributeur.trice.s de Sundance, Clermont-Ferrand, France Télévisions, Télévisió Catalunya et du Festival de Guanajuato. À une rencontre entre trois institutions majeures du cinéma québécois : Téléfilm Canada, la SODEC et l’ONF. C’est le début des « Face à Face », les rencontres de type Speed dating entre producteur.trice.s et scénaristes.


La qualité de nos invité.e.s est tout autant à souligner : Marcel Beaulieu, Robert Marcel Lepage, Michel Cusson, Éric Bilodeau, Philippe Falardeau et la célèbre rencontre avec Jean-Marc Vallée.


On en connaît quelques-un.e.s qui se vantent encore d’y avoir assisté. Et d’avoir été témoin d’une perfo de « DJ Jean-Marc Vallée » !

 

Le Progrès


Celle qui sera plus tard mieux connue comme directrice générale du Festival, Marie-Elaine Riou, sera responsable du Marché de sa 9e à sa 11e édition.

Son temps comme responsable sera marqué par l’expansion de ce dernier, tant sur sa durée que sur sa capacité à accueillir des pros internationaux. « C’est la grande ouverture du Festival sur le monde, ce qui aide à faire connaître le court métrage québécois à l’international, et vice versa. Le Marché, c’est le côté blé entier de la Mini-Wheats, le côté sérieux du Festival. », explique-t-elle en souriant.

 

Des invité.e.s de renoms font vibrer nos salles. Vous souhaitez assister à une rencontre avec Patrice Vermette ? À une Classe de maîtres coanimée par Chris Landreth & Theodore Ushev ? Vous avez envie de peaufiner vos connaissances en tournage sous l’eau ? Tout est possible !


Des invité.e.s tels Luc Picard, Guylaine Tremblay, Sandrine Bisson et le duo père-fils Marcel et Gabriel Sabourin, aident à ouvrir le Marché au grand public, curieux d’en découvrir davantage sur les coulisses d’un plateau de tournage.


Elle relate cette époque avec beaucoup de nostalgie : « J’ai capoté, j’aime beaucoup le cinéma, mais j’aime surtout les gens. C’était donc la combinaison parfaite pour moi. J’aimais tellement le Marché que j’ai failli ne pas appliquer pour être directrice générale ! Ce fut un honneur d’avoir l’impression de faire une différence dans le parcours des participant.e.s, d’être témoin de rencontres qui fut la bougie d’allumage de certains projets. »

 

L'Épanouissement


Elle passe le flambeau à Dan Karo pour la 12e et 13e édition du Marché, lui qui œuvrera par la suite à la SODEC. Le nouveau responsable nous concocta une programmation des plus ambitieuses.


En plus des classes de maîtres de Chloé Robichaud et de Jennifer Reeder, on accueille des invité.e.s de prestige provenant notamment de la Corée, de Colombie, d’Italie, d’Ukraine, d’Autriche, de France et des États-Unis pour un Think Tank sur la distribution. 


C’est aussi à ce moment qu’on réinvente la formule des activités de réseautage. En effet, afin de joindre l’utile à l’agréable, le traditionnel « Face à Face » devient ce qu’on connaît encore aujourd’hui comme les « Petits Déjeuners Pros. » 

L'Essor


Bien que son passage parmi nous fut bref, il fut marquant ! En effet, en une seule édition aux rênes du Marché, Marie-Laure Tittley développa une des activités ayant le plus marqué l’imaginaire des participant.e.s : Les « Elevator Pitches » ! 

Les « Elevator Pitches » ou « Pitch Ascenseur » mettaient au défi les porteur.euse.s de projet de séduire des acheteur.trice.s et producteur.trice.s dans l’espace et le temps d’un voyage d’ascenseur au légendaire Hôtel Chicoutimi. Dans le premier : Canal +, dans le deuxième : Vice. De quoi skipper les escaliers.


Elle accomplit cet exploit avec son adjointe et celle qui lui succédera comme responsable du Marché : Ariane Fecteau.

 

Le Déploiement


Son rôle d’adjointe au Marché du court l’amena naturellement à prendre le relais lorsque l’opportunité se présenta. Un défi de taille où elle apprit beaucoup : « Je dirais que mon passage au Marché a été une merveilleuse école pour découvrir le court et son écosystème, et pour rencontrer des gens qui ont à cœur le rayonnement de nos artistes ! » 

 


La 15e édition du Marché nous proposait, comme toujours, une programmation des plus savoureuses!

Premièrement, La fameuse « Ride VIA Ride » : 

Pourquoi votre expérience REGARD ne devrait commencer qu’une fois arrivée au Saguenay ? Tout le monde à bord ! C’est l’heure de réseauter dans des décors féeriques ! Embarquez dans la « Ride VIA Rail », un trajet de train faisant Montréal-Chicoutimi en environ 12 heures où étaient organisées des activités de Speed dating professionnel afin de créer des liens entre les participant.e.s.

Suivie d'une classe de maître de Renée Beaulieu venant nous parler de la place des femmes dans notre conscience cinématographique collective. Et une autre de Jeremy Compte, nous partageant les moments forts de la dernière année, celle où il fut nominé aux Oscars pour son film Fauve, rien de moins. Ce fut aussi le retour du concours Cours écrire ton court qui, depuis, tient sa finale lors du Marché.

 

« J’étais très fière de ma prog en 2019, la table ronde sur le documentaire animé était probablement mon coup de cœur, mais il y en a tellement que j’oublie ! » relate Ariane.

 


La 16e édition… Elle… On préfère ne pas trop en parler ! 

Coupée court à cause d’une pandémie (rien que ça), on tient tout de même à souligner avoir eu le temps de faire un « Petit Déjeuner Pro ». Ce fut l’une des seules activités tenues lors de la 24e édition du Festival. Comme quoi rien ne se mettra entre nos participant.e.s, qui ont vu une opportunité de réseauter et de savourer nos traditionnels croissants !

 

La Résilience


La 17e édition fut, on se rappelle, une édition estivale. Vu les circonstances, on organisa une mini version du Marché. D’un maillage en ligne, à un balado de douze épisodes mettant une lumière sur les cinéastes éligibles au Grand Prix Canadien, tous les moyens ont été pris pour permettre à nos participant.e.s de profiter de l’expérience du Marché malgré la distance.


Pour les chanceux.ceuses venant de la région, il y avait peut-être moins d’activités, mais ce n’était pas la qualité qui manquait ! Nous avons eu la chance d’avoir une rencontre intime avec l’un des directeurs photo les plus prolifiques du cinéma québécois depuis les 40 dernières années : Michel La Veaux. En plus d’une rencontre avec Sophie Dupuis qui venait nous parler de l’écriture de son prochain film Drag, que l’on connaît aujourd’hui mieux sous le nom de Solo.

Le Renouveau


Déjà membre de l’équipe REGARD depuis quelques éditions, c’est dans un contexte plutôt incertain qu’entre en poste la prochaine responsable du Marché, Laura Rohard : « Si on se remet dans le contexte de préproduction de l’édition 2022, on a beaucoup joué à la roulette russe avec la programmation et les invité.e.s. Aura lieu, n’aura pas lieu. Présentiel ou virtuel. Invité.e.s internationaux, nationaux… ou personne. Et Dieu sait qu’on avait besoin de se retrouver après deux années passées derrière un écran ! » 

 


Mais rien ne pouvait décourager l’équipe du Festival d’offrir un Marché à la hauteur des attentes : on a eu droit aux Classes de maîtres de Stéphane Lafleur dans la foulée du tournage de son dernier long métrage Viking et celle de deux géants du son, Sylvain Bellemare et Bernard Gariépy Strobl. Sans oublier le grand retour des « Petits Déjeuners Pros » dans une formule tricotée serrée au restaurant Chez Georges.

 

Et le public était au rendez-vous ! 

« Une de nos plus grandes fiertés de cette édition si particulière (et si… nerve-racking) est d’avoir réussi à faire déborder la bibliothèque toute neuve du Cégep de Chicoutimi avec un public enthousiaste, venu assister en nombre aux classes de maîtres. »

 

La Suite


Depuis, nous avons le plaisir de voir Mireille Tremblay-Caron à la tête du projet. C’est d’ailleurs elle qui aura l’honneur d’organiser cette édition spéciale. « Je me trouve chanceuse d’être là pour la 20e édition. On célèbre la consolidation du travail de bien d’autres avant moi ! Personnellement, il y a des moments où je trouve ça presque dommage de travailler durant le Festival parce que j’aimerais assister à toutes les activités… ».


La mission du Marché ne se limite pas aux trois jours où se déroule ce dernier, mais se poursuit maintenant tout au long de l’année. De fait, des projets ayant comme objectif de mettre en relation les cinéastes émergent.e.s et des membres établis du milieu sont mis sur pied. 


On pense notamment à une tournée de mentorat ainsi qu’à la résidence de création Philippe Belley : De la nouvelle au scénario, en collaboration avec les Écrivains de la Sagamie. Chapeautées par la directrice générale actuelle, Justine Valtier, ces deux activités, ayant lieu lors de la période estivale, offraient aux scénaristes émergent.e.s un accompagnement gratuit dans le développement de leur projet d'adaptation littéraire en scénario de court métrage. 


Après toutes ces années, le Marché reste un terrain de jeu pour les personnes curieuses, un volet qui offre la possibilité de découvrir des métiers, des artistes, des geeks, des techniques, etc. C’est aussi un merveilleux endroit pour mettre en relation l’émergence et l’industrie, pour informer et être à l’écoute du milieu. 


Pour la 20e édition, on espère que la programmation sera à la hauteur des attentes du public. On vous donne d’ailleurs rendez-vous le 21 mars prochain à la Bibliothèque du Cégep de Chicoutimi pour l’activité « Premiers Émois » afin d’échanger sur nos premiers amours cinématographiques en compagnie, entre autres, de notre porte-parole Étienne Galloy.

 

 

On ne pouvait évidemment pas parler du Marché sans mentionner l’incroyable implication de ces animateur.trice.s.


Premièrement, un nom synonyme du Marché : Manon Dumais. « Ma belle Manon, c’est un des piliers du Marché », avance Ariane Fecteau. « Elle est dotée d’une grande générosité, que ce soit dans sa préparation des entretiens qu’elle ne prend jamais à la légère ou dans son accueil des invité.e.s qu’elle met immédiatement à l’aise. », enchère Marie-Elaine.


Il y a aussi eu Jean Hamel qui était à l’époque responsable des communications pour L’inis avant d’y prendre le rôle de directeur général. « C’était un grand habitué du Marché ! Il a animé plusieurs de nos activités les plus populaires » ajoute Claudia. Elle mentionne aussi de l’implication de Sophie Beauparlant à l’animation : « Elle animait les activités du Marché à son tout début, elle a beaucoup aidé à faire connaître le Festival. »


On ne peut taire l’implication de Daniel Racine, de notre cher ami, le talentueux Philippe Belley, et de tant d’autres personnes qui ont permis au Marché du court de devenir ce qu’il est aujourd’hui.


Merci à vous ! 

 

 

C’est sur ces remerciements que l’on revient de notre voyage dans le passé et qu’on tourne notre REGARD vers l’avenir. Nous vous invitons à venir célébrer cet accomplissement avec nous lors du 20e Marché du court qui aura lieu du 21 au 23 mars prochain dans le cadre de la 28e édition du Festival.